Jérémy Santamaria décroche sa carte Pro !

 

Je me réjouis vivement de la consécration de Jérémy Santamaria, qui vient de décrocher sa carte Pro, et qui affiche une des lignes les plus élégantes du circuit. Laissons-lui la parole !

 

Depuis notre dernière interview, tu as changé de look avec une coiffure qui attire les regards. Est-ce une stratégie pour te démarquer d’emblée ?

Lors d’une compétition nous sommes nombreux sur scène, le jury n’a qu’un très court moment pour juger le résultat d'une préparation qui a duré plusieurs mois. Il faut savoir se démarquer et être reconnaissable. Tout est pensé, tout est calculé, rien n’est fait au hasard.

Pour ma part, je cherche l’excellence. Quand on souhaite devenir le meilleur, chaque détail compte. Arrivé avec la dégaine de monsieur tout-le-monde est suffisant pour faire acte de présence. Dans tous les cas, notre physique est forcément, le jour J, au meilleur de sa forme. C’est avec cette pensée qu’il faut chercher au-delà et se différencier.

Spoiler : Pour l’année prochaine je vais m’inspirer d’un personnage mythique d’une série qui m’a beaucoup plu : Ragnar.

 

 

Est-ce que tu considères que le look fait partie intégrante de ce sport ?

Je pense que pour ce sport en général, le look n’a pas une grande part d’importance. Avoir une virgule sur le T-shirt n’aidera pas à gagner 1 cm de tour de bras. Cependant, pour une compétition de bodybuilding où le physique est uniquement jugé, la coiffure, la barbe, son short/slip/boxer doit être pensé à l’avance. Regardons les femmes, les talons doivent respecter des normes, les tenues sont excessivement chères, le maquillage est précis, la coiffure parfaite… Quelles différences avons-nous ? Nous nous devons de soigner notre apparence et notre attitude autant que les femmes pour ne pas juste arriver avec nos gros muscles en slip sur scène. Quand on souhaite atteindre le sommet, je le répète, chaque détail compte.

 

 

As-tu un coach, un préparateur ?

Je suis coach sportif diplômé d’État depuis 2018, je me considère apte à pouvoir me coacher et donc me préparer seul.

Si je ne peux pas m’occuper de mon corps et m’élever au plus haut niveau avec mes connaissances et mes expériences, comment puis-je prétendre à emmener quelqu’un vers ses objectifs ?

Comment puis-je faire : perdre du poids, prendre de la masse musculaire, de la force, améliorer sa santé… Si moi-même je ne l’ai pas expérimenté sur moi avec un taux de réussite de 100% ?

Un coach se doit d’être exemplaire, d’avoir de l’expérience, la théorie reste utile mais la pratique indispensable. De ce fait, j’ai fait le choix de m’occuper de mes propres préparations depuis 2017, de risquer de me rater, d’apprendre, d’assumer ma réussite autant que mes échecs. Je suis autodidacte et surtout passionné, ma passion me pousse à repousser mes limites et ne compter que sur moi-même.

 

Parle-nous de ta prépa 2022…

Préparation compliquée, très défiante.

Sur les mois qui ont précédés ma préparation, j’ai eu de multiples blessures : au dos, aux épaules… Au point de ne plus pouvoir m’entraîner, au point de dire stop à ma musculation tellement je souffrais au moins mouvement, à la moindre charge. Mon physique s’est dégradé et je perdais goût au monde de la musculation... J’ai commencé à prendre du collagène pour soigner tout cela et je me suis lancé le défi de retrouver le chemin de la préparation. Je me suis dit qu’avec une alimentation cadrée et saine, une perte de poids, des entraînements programmés et construits intelligemment, j’allais pouvoir retrouver ma santé, me relever et retrouver cette rage de vaincre.

J’ai commencé ma préparation le 10 janvier 2022, en partant à 2600 kcal pour terminer au bout de 21 semaines à 1400 kcal.

Ce mois de janvier a été un mois où je me suis remis véritablement en forme. Mes blessures disparaissaient, je retrouvais mon physique petit à petit… Je retrouvais goût à l’entraînement, à ce sport qui fait que je suis moi.

Le 7 février, je me brise un doigt en essayant la lutte ! Avec un doigt en moins, chaque saisi m’était impossible, je me suis demandé plus d’une fois si je ne devais pas arrêter ma préparation… je me suis entraîné en très léger pour assurer une prise en main avec les doigts restants, c’était le moment de reconnecter mes muscles et mon cerveau et chercher la contraction, la sensation musculaire, le volume d’entraînement et mettre de côté l’intensité.

À savoir que j’emmène une dizaine de cours collectifs par semaine que je fais avec les pratiquants, que j’ai mon activité de coaching qui me prend beaucoup des temps, mes entraînements, la préparation de mes repas, ma préparation à penser et écrire, que je sortais de blessures avec un physique misérable. Trop de paramètre qui me mettaient au défi, à l’épreuve. À savoir que quand les choses paraissent impensables, quand tout paraît infaisable, j’ai une partie de moi qui s’anime, une braise qui n’attendait que d’être ravivée et qui me pousse à faire le choix de l’impossible. C’est à partir de ce moment là que ma préparation a pris une tout autre tournure. Je me suis senti plus motivé que jamais, une rage de vaincre comme jamais j’en ai eu.

Mars 2022, Top de Colmar, je retrouve ma 2ème place en Men’s Physique ! 

Une étape qui m’était importante, je souhaitais au minimum retrouver cette place, ne pas me sentir régresser.

Mai 2022, The First Show AFBBN (Association de Fitness set de BodyBuilding Naturel), 2ème place en Men’s Physique et 1ère place en Classic Physique !

 

 

J’en profite pour parler d’un sujet qui me tient à cœur. Une chose dans ce sport qui me tient à cœur est la lutte contre le dopage. La santé est la chose la plus importante, pour moi le bodybuilding n’a que de valeur que par ce que des gens ont fait le choix de monter sur scène avec leur propre arme. Bien que je respecte et j’admire les grands bodybuildeurs, notre génération est facilement influencée par ces grands noms… Le Bodybuilding est le sport où la qualité principale à posséder est la patience. Beaucoup font le choix de la rapidité et se dirigent vers l’illégalité pour un obtenir un physique au détriment de leur santé.

Mon objectif est de prouver qu’il est possible d’aller loin, d’exceller, en choisissant les bonnes fédérations, en choisissant la bonne voie pour ne faire de sa passion un véritable cauchemar.

Je ne pouvais prétendre à participer à Classic Physique, en étant naturel. Les gabarits sont trop musclés, trop définis. C’est une catégorie qui me tenait à cœur, et je m’obstinais à rester en Men’s Physique ne pouvant gagner autant de masse musculaire naturellement. Puis, je suis tombé sur l’AFBBN qui m’a permis de pouvoir atteindre d’autres objectifs en respectant mes valeurs.

Suite à cette compétition, devenu Champion de France Classic Physique à l’AFBBN, j’ai pu participer à la coupe du monde, à Rimini, Italie, de la fédération ICN (I Competition Natural), une fédération internationale regroupement plusieurs pays. J’ai fait le choix de participer en Men’s Physique Open Amateur et en Classic physique Open Amateur. La catégorie Open regroupe toutes les tailles, tous les poids, tous les âges, il n’y a pas de critères, il est donc plus difficile d’arriver premier et d’obtenir sa carte professionnelle.

 Pour la 7ème fois de ma carrière, sur 9 compétitions, je termine 2ème en Men’s Physique et j’atteins mon plus gros objectif de cette année qui était d’obtenir une carte professionnelle. J’arrive 1er en Classic Physique Open Amateur, j’obtiens une carte professionnelle et dans la foulée je concours en Professionnel en arrivant Vice-Champion du Monde Classic Physique ICN !

 

 

Quels sont les détails de ton physique qui te semblent encore un peu moins aboutis ?

Je m’analyse beaucoup, me préparant seul j’ai besoin d’avoir un regard critique et reculé par rapport à tout ce que j’entreprends. Après mes passages sur scène, en backstage je suis rivé sur mon portable en analysant en dernière minute chaque détail de ma prestation pour parfaire la prochaine montée (lumière, placement sur scène, démarche, posing, attitude).

J’ai remarqué que j’avais un gros manque de masse sur mes bras, et un peu sur mes ischios. Je souhaiterai aussi plus de détails sur mes quadriceps. Chose que je commence déjà à travailler pour l’année prochaine !

 

 

Quels sont tes points forts ?

Mon dos, mes épaules, mes abdos et mes pectoraux sont une force chez moi. Mes pectoraux étaient un point faible chez moi quand j’ai commencé la musculation, j’ai su inverser la tendance en me positionnant mieux sur mes exercices !

 

Raconte-nous comment tu as vécu la consécration de la carte pro

Je n’ai pas sauté des joie, car je ne suis pas de nature à cela mais j’étais heureux. Heureux par ce que le chemin emprunté a été très difficile… Heureux car j’ai retrouvé ce garçon de 20 ans qui avait une rage de vaincre, un besoin de donner le meilleur et prouver qu’il est capable de grande chose à sa petite échelle avec ses propres moyens.

La résilience.

Je ne me contenterai jamais de mes réussites, ce ne sont que des étapes. Je me dois de viser plus haut, de viser mieux, d’améliorer mes points faibles et monter l’année prochaine sur scène en ayant réussi mes objectifs. Maintenant que je suis Pro, je me dois d’être irréprochable et influencer nos amis sportifs à s’éloigner et bannir ce côté noir de la musculation, le dopage.

 

 

Tu as fait de superbes shootings récemment. Veux-tu développer ton activité de modèle fitness ?

J’ai souhaité immortaliser mon physique et sortir de ma zone de confort en faisant confiance au photographe Ronny Clément, situé au 77 Val d’Europe. Une personne dont j’aime son travail. Je suis de nature humble et timide. Faire un shooting est pour moi une épreuve et je ne voulais le faire avec n’importe qui… Ronny a su me mettre en confiance et m’a permis de prendre goût aux photos ! 

De là à développer mon activité de modèle fitness je ne pense pas… Si cela doit se faire, ça ne viendra pas de moi directement, je suis ouvert aux propositions, depuis l’obtention de ma carte Pro, je sens que de nouvelles portes s’ouvrent à moi. Je laisse le choix au temps de décider de mon sort. :)

 

 

As-tu de nouveaux objectifs de poids et de titres ?

Jamais d’objectif de poids, je laisse mon corps y aller à son rythme, seul le rendu visuel m’importe ! Depuis que j’ai démarré les compétitions en 2015, le jour J je suis toujours arrivé entre 68 et 71 kg sur scène. Cette année j’ai terminé en Pro à 68 kg à titre d’exemple.

J’avais ouvert un chapitre compétitif d’arriver premier « Road to First », étape atteinte… Il me faut maintenant viser le trône et arriver premier en Pro. J’attends que le calendrier des compétitions se présente pour faire mon choix. Chose sûre, je serai présent au Top de Colmar comme chaque année, en Men’s physique mais cette fois-ci en Classic Physique ! Je serai certainement le plus léger, je miserai sur mon posing, mon esthétisme et mon expérience de la scène (+ ma coupe de cheveux ahah).

 

 Prépares-tu toi-même des athlètes à la compéte ?

Je ne prépare personne actuellement, je n’ai pas forcément eu de proposition et cela demande beaucoup de temps. Si je suis moi-même en préparation, je préfère me concentrer sur mes objectifs. La fatigue pourrait m’amener à ne pas être à 100% avec mon athlète et ça je ne le tolérerai pas.

Étant en compétition en début d’année, préparer un athlète pour des compétitions de fin d’année, avec plaisir ! J’exige beaucoup de discipline et de la rigueur. En compétition je mange ce que j’aime manger, je ne souffre pas de mon alimentation car je pars du principe qu’à chaque repas je dois éprouver du plaisir ! C’est ce que je transmets à mes clients lors de mes suivis. Concourir à mes côtés vous assurerait de ne pas subir votre préparation et d’arriver avec une condition sur scène juste ouffissime, croyez-moi. ;)

 

Propos recueillis par Jérôme Pesqué (juillet 2022)

 

Instagram de Jérémy Santamaria : @jrm_santamaria