En marge du Fit Game gravitent quantité de photographes qui parfois ne le sont que de nom, certains amateurs dans le mauvais sens du terme et d’autres dans un sens plus noble, certains esthètes et d’autres vicieux voire prédateurs.
Il y en a heureusement une poignée, reconnus dans le milieu de l’art, qui avive notre perception de la beauté musculaire, dans ce qu’elle a de sculpturale et d’atypique parfois, avec ses reliefs, sa densité, sa virilité et ses ombres pleines.
Joseph Caprio fait sans nul doute parti de ceux –là qui savent exalter les corps dénudés ou enveloppés de voiles et les nimber d’un halo arty.
Il a fait sienne la devise du légendaire Henri Cartier-Bresson « Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. »
Faisons plus ample connaissance avec lui par le biais d’une interview illustrée de ses clichés.
Viens-tu d’une famille sensible aux arts ?
Lorsque mon père vivait en Italie, il était bottier. Mes sœurs racontent que les gens dans la rue admiraient ses chaussures, créées par mon père.
Ma mère était couturière, si bien que j’ai grandi au milieu des chiffons. Lorsque j’étais petit, je créais les vêtements des poupées de mes sœurs, comme l’ont fait certains couturiers de renom.
As-tu connu un déclic qui ait décidé de ta vocation de photographe ?
Mes premiers émois photographes sont les photos de Jean-Marie Périer dans Salut les copains. Ce n’est que plus tard que je me suis intéressé aux grands noms de la photo.
Lorsque tu as commencé à travailler sur le nu masculin, faisais-tu figure de pionnier ?
C’était dans les années 80. A cette époque-là, il y avait peu de photographes. En France il y avait Michel Guillot, Patrick Sarfati, entre autres, qui étaient des photographes connus. Nous avons été les premiers à montrer des hommes. Malheureusement, à l’époque, seuls les magazines gays en présentaient. Oui, nous avons été précurseurs et avons ouvert la voie, je pense.
J’ai fait la première campagne française de lutte contre le sida et plusieurs campagnes pour Aides.
Il y avait encore un tabou à ce sujet à l’époque.
Mais il y a toujours un tabou !!! Quoi qu’on veuille bien dire.
Avais-tu du mal à convaincre des modèles de poser ainsi ?
A l’époque, non. Bizarrement, dans mon coin, plus j’ai montré mes photos, donc un peu connu, et moins j’ai trouvé des modèles. A Grenoble, j’ai même plus de mal aujourd’hui à trouver des modèles à photographier.
Comment ce type d’approche est-il rentré dans les mœurs selon toi ?
Je pense qu’il entre difficilement dans les mœurs, même aujourd’hui.
Ton travail est axé sur la confiance entre tes modèles et toi. Comment établis-tu une relation de ce type ?
Je le fais naturellement, sans le travailler. Il faut dire aussi que j’ai quelques photos à montrer, un site où on voit mon travail, des expos. Ça aide à me crédibiliser.
Y a-t-il des influences artistiques que tu revendiques ?
Il y a Robert Mapplethorpe, évidemment, Herb Ritts et plein d’autres.
Peut-on dire que ton style a fait école ?
Ce n’est pas à moi de le dire.
Archives-tu méthodiquement ton fonds de photos ?
Toutes mes photos sont classées et j’ai dans mes boîtes mes tirages d’expo, qui sont à vendre, à tout hasard.
Malheureusement, toute la période en argentine est à numériser. Un immense travail à faire. Quand je répertorie mon travail, je redécouvre avec plaisir mes photos. J’en ai oubliée. Il faut dire aussi que j’en ai vraiment fait beaucoup. Et je continue…
Comment choisis-tu tes modèles ?
Je passe des annonces. Il faut que le mec me fasse vibrer sinon ce n’est pas possible. Mais j’ai un panel assez large. J’aime les poilus et je regrette que la plupart des jeunes se rasent les poils pubiens. Ca enlève le côté sexy. Lorsque je veux vraiment faire poser un mec et qu’il est rasé, je lui demande de laisser ses poils tranquilles et de revenir dans deux mois.
Tu as travaillé avec beaucoup de stars comme Barbara, Vartan, Doré. Parles-nous de ce volet de ton travail.
Je n’ai hélas pas travaillé avec ces stars. Ça m’aurait beaucoup plu, tu t’en doutes, surtout avec mes magazines d’adolescent. Je les ai seulement photographiées en concert.
Tu collabores avec le comité Mister France. As-tu de nouveaux projets avec les Misters ?
Chaque fois que je peux, je photographie les candidats qui ont été élus et c’est toujours un grand plaisir. Plusieurs sont venus poser dans mon studio grenoblois.
Propos recueillis par Jérôme Pesqué (avril 2021)
Le site de Joseph Caprio :
Sa page sur Instragram :
https://www.instagram.com/capriomenphotographer/?hl=fr











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